Historienne de l'art et vidéaste, je cherchais un sujet afin de réunir mes deux passions et réaliser un premier documentaire historique.
En avril 2013, j'ai assisté, à l'auditorium du musée des Abattoirs de Toulouse, à la projection d'un documentaire qui m'a servi de déclic. "Women Art Revolution" (2010), est un film réalisé par Lynn Hershman Leeson qui retrace le mouvement artistique féministe américain des 40 dernières années, à travers les témoignages de femmes artistes et d'historiens de l'art. On y découvre le parcours difficile de femmes qui ne parviennent pas à s'imposer en tant qu'artistes, du fait de leur genre. La qualité des oeuvres qu'elles signent est systématiquement remise en question. On doute du sérieux de leur démarche artistique car, après tout, ce ne sont que des femmes !
Une séquence du film m'a particulièrement interpellée, celle d'un sondage effectué auprès de passants lambdas. On leur demande de citer des célébrités ou des artistes féminines. Les réponses sont sans appel : personne n'est capable de se souvenir d'un nom en particulier, ce qui prouve le manque de visibilité des femmes dans la sphère médiatique.
En sortant de la projection, j'ai fini par m'interroger sur la place des grandes figures féminines dans ma propre culture.
Mon amour des arts et mes études supérieures ont élargi mes connaissances, j'étais capable d'évoquer des personnalités comme Camille Claudel, Simone de Beauvoir ou Marie Curie. Pour autant, le constat était clair : mon Panthéon personnel comportait beaucoup plus d'hommes que de femmes. De la même façon, je me suis rendue compte que le Panthéon, en tant que monument à la gloire des illustres français, reflète parfaitement cette sous-représentation féminine dans l'ensemble de la société.
Cette discrimination du féminin a raisonné en moi comme une grande injustice : il me fallait trouver le moyen de mettre en avant les femmes oubliées de l'Histoire.
D'un point de vue pratique, j'ai décidé de m'intéresser aux femmes toulousaines, étant moi-même originaire de cette ville et habitant sur place. Mes premières recherches en ligne m'ont fait découvrir Jane Dieulafoy. En parcourant les événements majeurs qui ont jalonné son existence, j'ai senti que j'avais trouvé une personnalité atypique, digne d'intérêt. Le fait qu'elle ait choisi de revêtir un costume masculin à une époque où cela était totalement interdit a su également éveiller ma curiosité.
Je me suis alors lancée dans une enquête passionnante, sur les traces de cette toulousaine oubliée.
J'ai toujours eu en moi cette passion de l'écrit, en plus de l'appétence pour les images. J'étais loin d'espérer publier une biographie richement documentée. On dit que les auteurs portent en eux leurs futurs livres. Il suffit d'un déclic pour qu'ils prennent vie en mots. Jane a été le déclencheur.
Permettre à des femmes illustres en leur temps, de retrouver une place de choix dans la mémoire collective, est devenu chez moi une nécessité.
Désormais, je poursuis assidûment de nombreuses recherches sur ces personnalités trop souvent ignorées des livres d'Histoire. Je compte bien poursuivre en ce sens et rédiger de nombreux autres ouvrages...
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